Crise du Covid-19 : Un nouveau tournant pour le tourisme culturel ?

La crise sanitaire a des impacts sans précèdent sur le tourisme. La situation a créé de nouvelles tendances dans les façons de “consommer” la culture lors d’un séjour, obligeant à reconsidérer des pratiques plus ancestrales. Est-il temps que les acteurs du tourisme culturel repensent leur système économique et structurel ?
Il va de soi que la crise sanitaire a fortement impacté le secteur du tourisme entier, causé par les multiples “stop-and-go” ordonnés par le gouvernement mais aussi par la baisse conséquente de la mobilité des voyageurs internationaux. Dans son baromètre de Janvier 2021, l’Organisation Mondiale du Tourisme affirme que “le tourisme souffre de sa crise la plus profonde avec une baisse de 74% des arrivées internationales, en 2020.” Avec la fermeture des frontières, beaucoup d’hôtels ont préféré fermer leur porte. Les transports aériens ont également vu une nette diminution de leurs activités.
Ainsi, certains lieux culturels et monuments ont souffert avec eux, d’une baisse considérable de leur influence. Catherine Pégard, présidente de l’établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles, a expliqué avoir vu les chiffres de la fréquentation de son établissement baisser durant la saison estivale, causée par la désertion des touristes étrangers. La tendance reste similaire pour les grandes institutions culturelles parisiennes. Cependant, il n’en est pas de même pour tous. A contrario, la tendance semble s’abaisser pour les lieux culturels provinciaux qui jouissent de la venue inter-régionale des français. Catherine Pégard affirme sur les ondes de France Culture : “Le tourisme culturel n’est pas mort, il s’exerce autrement“.
Une remise en question indispensable
La France s’assure, grâce à sa richesse patrimoniale et culturelle, la première destination touristique dans le monde, en terme de nombres de visiteurs. Elle reçoit 90 millions de touristes étrangers par an. “Se pencher sur l’avenir du tourisme culturel, c’est s’intéresser à l’avenir du tourisme en France“, écrit The Conversation. Pour éclairer l’avenir du tourisme, le média en ligne a souhaité mettre en avant les “signaux faibles détecté” dans leurs recherches avant la crise du Covid-19, “qui pourraient prendre une importance nouvelle pour ce secteur après la sortie de crise“.
Comme les deux auteurs le soulignent, il est nécessaire “pour un groupe professionnel – voir indispensable pour sa survie – d’envisager des modèles de développement alternatifs, même si ceux-ci peuvent apparaître comme peu probables, du moins si l’on se place dans l’état d’esprit du “business as usual“. En prenant compte des recherches effectuées par The Conversation, il semble nécessaire de mettre en lumière deux points phares de ce changement : le tourisme durable et les besoins d’une clientèle étrangère.

Vers un tourisme durable ?
Les scénarios de The Conversation permettent de questionner la dépendance excessive de la clientèle étrangère. Après la crise du Covid, les facteurs sanitaires devraient être pris en compte et modifier nos comportements : “Que ce soit pour des raisons médicales, politiques, économiques, ou militaires, il faudra sans doute, selon des constats à présent largement partagés, envisager une ouverture plus sélective des frontières“.
Si ces mutations permettent de visualiser le futur afin de trouver des solutions stabilisant les activités touristiques, elles favorisent également un tourisme durable. Certaines réflexions étaient travaillées avant la crise sanitaire et pèsent fortement aujourd’hui. A l’instar du mouvement suédois “Flyskam” qui milite pour favoriser les moyens de transport alternatifs à l’avion.
L’événementiel et la culture participeront à un tourisme plus authentique
Ainsi pour contrebalancer au moins réduire, ces habitudes de consommation touristique, l’enquête suggère de mettre l’accent sur les valeurs de proximité et d’authenticité. Pour la saison estivale 2020, des campagnes de communication avaient été déployées pour séduire la clientèle française. Un travail de communication comme il a été réalisé serait nécessaire. Pour favoriser des séjours moins éloignés du domicile, voire intramuros, la découverte en profondeur du territoire pourrait être privilégiée. Les habitants en deviendront alors l’ambassadeur. Cela encouragerait notamment le développement du tourisme domestique et la mise en avant de sites non classés au patrimoine mondial de l’Unesco.
L’événementiel et la culture notamment, contribuent à la promotion de ces territoires. Véritables impulsions pour les villes et communes, les offres culturelles et événementielles sont la raison pour laquelle 47% des voyageurs choisissent une destination plutôt qu’une autre, selon l’IPSOS.